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Portrait d’entrepreneuse – Nahla El Mernissi d’Enprobel

Nahla El Mernissi, fondatrice d’Enprobel, partage son expérience, et du parcours qui l’a mené à créer son entreprise.

Enprobel, c’est un projet “bien de chez nous”, puisqu’ils’agit avant tout d’une histoire de frites… ou plutôt d’huile de frites. Enprobel (qui est l’acronyme d’ “un Environnement Propre pour notre Belgique “) se charge de collecter les huiles usagées pour les faire recycler (plus spécifiquement les transformer en biocarburant), tant chez les professionnels que chez les particuliers. “On va dans les restaurants, les snacks, etc. pour leur racheter leurs bidons d’huile usagée. Et on établit des collaborations avec des syndicats de gros immeubles pour leur fournir un bidon gratuitement àremplir, qu’on vient ensuite rechercher.”

Tout sauf bidon, cette idée, quand on sait qu’un litre d’huile déversé dans les canalisations contamine jusqu’à 1000 litres d’eau potable. En les collectant et en les envoyant dans un centre de traitement, Enprobel évite la contamination des eaux tout en permettant de créer des carburants plus respectueux de l’environnement. Depuis le début del’aventure, 500.000 litres d’huile ont été collectés! Cette idée, Nahla et Imad Mouakkat, son associé (et amoureux!), l’ont eue en étant confrontés à un souci: “Comme tout le monde, on ne savait jamais où déverser notre huile usagée. Au pire, elle finissait dans les canalisations, mais c’est très mauvais pour les tuyaux” explique-t-elle.

Étudiante entrepreneure

Ce qu’on ne vous a pas encore dit, c’est queNahla n’a que 25 ans et que son projet, elle l’a créé pendant ses études à Francisco Ferrer, en profitant du statut étudiant-entrepreneur, créé en 2016. “Ce statut m’a permis deconserver mes avantages d’étudiante (bourse, allocation familiale…) tout en me lançant comme indépendante” raconte celle qui fut la première femme de cette haute école à profiter de ce statut (disponible jusqu’à l’âge de 25 ans). Elle réalise son mémoire sur Enprobel et profite des 6 mois de stage obligatoires pour développer son projet chez Greenlab , l’accélérateur pour start-up durables, géré parHub Brussels. “À ce stade, on travaillait déjà avec les professionnels, mais on cherchait une solution pour dépanner aussi les particuliers. Avec ces ateliers, on a ramassé quelques vraies claques (rires). Par exemple, on nous a dit qu’aller chercher 1 litre d’huile chez un particulier n’allait pas êtrerentable. On nous a pris pour des fous! On a dû se triturer le cerveau pour trouver un concept qui fonctionne et on a eu l’idée de faire appel à des syndicats d’immeubles pour démarcher les particuliers” se souvient Nahla. “On y a aussi appris à rédiger un business plan, à convaincre des investisseurs, à créer un pitch percutant et à mener une étude de marché.”

Au terme de ces 6 mois, Nahla et son associé remportent le prix du jury. Nous sommes alors en 2018. “Gagner ce projet nous a ouvert des portes et on nous a prêté gratuitementet pendant 3 mois des locaux au Greenbizz conclut-elle. Depuis, le duo n’a cessé dechercher des subsides, notamment en répondant à l’appel à projet de BeCircular en 2019 et encontractant un prêt auprès de Finance&Invest.brussels. De l’aide, ils en ont aussi trouvé auprès de1819: “Quand j’ai su que je voulais créer une boîte, j’ai directement contacté1819. Je ne savais pas combien ça allait coûter, si je devais aller voir mon banquier avant mon notaire, etc. En école de gestion, on t’apprend à gérer une société, mais bizarrement, tu en sors en ne sachant pas comment la créer. Le 1819 m’a bien aidée: c’est par exemple eux qui m’ont parlé de ce fameux statut étudiant-entrepreneur.”

Covid-19: solidarité de toutes parts

Si Enprobel fonctionne bien et a des projetsplein la tête (notamment celui de générer, en plus de carburants verts,d’autres produits comme des bougies, des savons, etc.), la crise du Covid-19 a eu un sacré impact sur la société: logique, les snacks — leur unique source de revenus! — ont été forcés de stopper leurs activités. “Ça a été très difficile, mais on a décidé d’aider bénévolement les restaurants à effectuer leurs livraisons avec notre camionnette” raconte Nahla. “Ce n’était pas superrentable, mais ça nous garantissait de pouvoir encore leur racheter leurs bidons d’huile usagée.” Heureusement, la région bruxelloise a aidé les entrepreneurs à hauteur de 2000 €, le Greenbizz leur a offert 1 mois de loyer, et les cotisations sociales du deuxième trimestre ont été supprimées, leur permettant de garder la tête hors de l’eau. Et pour surfer sur la vague entrepreneuriale, notre business woman a son mantra préféré: “‘Si tu penses quetu es trop petite pour avoir un impact, essaye d’aller au lit avec un moustique.’ En bref, ne doutez pas de vos capacités” encourage Nahla. “Soyez ambitieux, car votre principal ennemi, c’est vous et vos peurs. Personne ne veut votre bien autant que vous-même alors foncez!”

Cet esprit ambitieux et fonceur, Nahla le doit à sa maman: “Je l’ai toujours vue se battre pouratteindre ses objectifs. On avait peu de moyens, mais je voyais la joie et la fierté sur son visage lorsqu’elle parvenait à nous offrir un lecteur DVD, par exemple. J’en ai pris de la graine!” Et elle ne cache pas qu’elle aime aussi lerisque: “C’est une qualité indispensable pour entreprendre. Si vous ne vous investissez pas à 100 % dans votre projet (en gardant un job à côté par exemple), vous risquez de ne pas le mener à bien. Parfois, il faut sauter lesdeux pieds en avant pour être sûre de ne pas trébucher.” Un dernier conseilpour la route: “Être à deux est une force, surtout quand on est aussi complémentaires qu’Imad et moi: il est les bras (il est ambitieux, bosseur et…il sait porter les bidons!) et moi, les jambes (je gère l’administratif, les recherches des subsides, les rapports…). On est indissociables l’un de l’autre!”